L'art gréco-bouddhique du Gandhara (I° siècle) est un art complexe car divers courants y ont conflué : apport des Parthes grécisés, influence gréco-romaine (dans la toge ou khiton) et idéologie indienne (pose yoga, visage méditatif). Cette statuaire représente pour la première fois Bouddha Shakyamuni, après une longue période aniconographique. Avec cette représentation apparaît toute une palette hagiographique.
Les événements de la vie de Bouddha ne sont plus représentés de façon allusive mais au travers de diverses asana et mudra. En même temps se fixent plusieurs traits physiques: l'urna, l'ushnisha (sous la forme d'un chignon à l'occidentale), les lobes d'oreilles allongés, les trois plis du cou, la coiffure plissée.
Musée de Delhi
Visage du Bouddha Gandharien (III° siècle ap. J.-C.)
Noter l'influence gréco-romaine : visage européen, cheveux légèrement ondulés, profil "grec") mêlé aux canons du bouddhisme (yeux mi-clos, lobes des oreilles allongés, urna sur le front et protubérance crânienne - ou ushnisha- encore sous forme de chignon. (Victoria & Albert Museum)
L’art
du Gandhara, né sur le sol indien et au service d’une
religion indienne, est marqué à ses débuts par
l’art de l’Inde de la période Sunga. Très vite,
il s’approprie des éléments iconographiques et stylistiques
tirés du répertoire hellénistique introduit par
les Grecs de Bactriane. Cet apport classique, d’abord renouvelé
par les Parthes philhellènes, par l’importation,
à l’époque de leur domination, puis sous les Kuchana,
d’objets du monde romain, domine la production gandharienne de
l’époque des grands Kuchana. S’y ajoutent des
aspects empruntés à l’art de l’Iran parthe
puis, à partir du milieu du IIIème siècle, à
l’art de l’Iran sassanide. La diversité des composantes
culturelles de l’art du Gandhara, les adaptations, transformations
et le mélange intime des influences orientales et occidentales
qu’il a su réaliser en font un art éclectique, très
original.
L’Art du Gandhara s’exprime à travers des statues,
des taillés dans le schiste gris ou stèles et des bas-reliefs
vert, mais aussi modelées dans le stuc ou dans de l’argile
mélangée à de la paille.
Le Bouddha a un corps rigide et trapu, un visage carré et des yeux globuleux. Il porte souvent une moustache, et ses cheveux sont rassemblés en un haut chignon. Les plis de ses vêtements, un dhoti attaché à sa taille et une écharpe drapée en travers de son torse, sont rendus par des incisions. Une couronne suspendue dans l’arbre de la bodhi au-dessus de sa tête est remplacée dans certaines images par un petit halo derrière sa tête. Sous l’influence d’artistes formés dans la tradition grecque, cette image se modifie.
Boddhisattva paré, shiste, époque Gandhara
Musée Guimet, Paris
