Le Bouddhisme tibétain / Ordre Sakya-Pa

 

 

4. Les SAKYA-PA (12e siècle), Ceux du monastère de Sakya. Fondé par Brogmi, qui eut lui-même pour maître Atisha. Comme les Kagyug-pa, ils accordent une grande importance à la transmission de maître à disciple, et revendiquent la filiation par Birvapa de la déité Vajravarahi elle-même. Les Sakya-pa seront de grands protecteurs des arts et joueront un rôle très important au XVI° siècle.

Les Sakya-pa, communément appelés les bonnets rouges, se retrouvent essentiellement au Ladakh. Cet ordre est attaché à Sakya Pandita (suivi aussi au Mustang). Cette école s'est développée au monastère de Sakya fondé en 1073 par Kön Könchog Gyelpo. Le 11ème siècle fut une période très dynamique pour le bouddhisme tibétain dû au renouvellement des contacts avec les bouddhistes indiens.

Alors que l'école des Kagyu-pa était fondée par Marpa et son disciple Milarepa à la même période, la famille Kön établissait une école qui allait être nommée plus tard Sakya-pa. Contrairement aux autres écoles et monastères auxquels se succèdent des lama réincarnés, les dirigeants de l'ordre des Sakya-pa étaient uniquement des descendants et héritiers de la famille Kön. Il est dit qu'un des fils de la famille Kön se serait marié pour perpétuer la succession.

Au début du 13ème siècle les Sakya-pa devinrent une école influente à la manière des universités bouddhistes indiennes qui furent détruites durant l'invasion de l'Inde par les mongols. Cette orientation était le fruit du travail des traducteurs indiens tels Shakyashribhada, venu en 1204 à Sakya . Mais antérieurement les moines érudits de Sakya ont contribué au développement de cette école bouddhiste.

L'un d'eux était le leader de Sakya Kunga Gyaltsen (1182-1251), qui fut connu sous le nom de Sakya Pandita ou l'Érudit de Sakya. Il écrivit des textes très importants sur la perception et la logique et son enseignement l'a élevé au statut de manifestation de Manjushri, Bodhisattva de la perspicacité. Son charisme et son influence l'ont conduit à représenter le peuple tibétain face aux mongols lorsque ceux-ci envisageaient l'invasion du Tibet. Il parvint à éviter l'invasion du Tibet au cours d'un voyage de trois jours en Mongolie en 1247 et, après avoir rencontré le prince mongol Godan, lui offrit le contrôle politique du Tibet. Il défendit sa position en précisant que toute résistance aux mongols aurait entraîné la défaite certaine des tibétains. À la mort de Sakya Pandita, son neveu fut proclamé chef spirituel de Sakya et chef d'état du Tibet sous l'autorité du prince mongol Kubilai Khan. C'était le premier gouvernement tibétain avec un Lama à sa tête. Ce précédent régla la vie des tibétains pendant plusieurs siècles et amena les chinois à réclamer leur droit sur les hauts plateaux du Tibet. Mais la corruption mongole et les rivalités entre l'école des Kagyu-pa et l'ordre Sakya-pa entraînèrent la chute de cette dernière en 1354 et la prise de contrôle de la première, laquelle transporta le gouvernement à Neudong dans l'Ü.

Sakya garda malgré tout une grande indépendance vis à vis des gouvernements religieux successifs.