La Shwedagon de Rangoon
 

La pagode Shwedagon est un stupa (ou pagode) situé sur la colline de Singuttara à Yangon (Myanmar). Ce lieu saint bouddhique est le premier centre religieux de Birmanie car selon la légende, il contient des reliques de quatre anciens Bouddha, dont huit cheveux du Bouddha Gautama.

Selon la légende, deux frères marchands de la région de Yangon, qui voyageaient en char sur les routes de l'Inde apprirent d'un deva qui avait été leur parent dans une vie antérieure, l'avènement d'un nouveau bouddha qui avait réalisé l'éveil sept semaines auparavant. Gautama méditait sous l’arbre Rajayatana depuis sept jours quand les marchands vinrent à lui, se prosternèrent et lui offrirent des gâteaux de miel. Avant de partir, ils lui demandèrent huit de ses cheveux afin de rapporter quelque chose à vénérer. Bouddha accepta et quand ils eurent les cheveux dans les mains, ceux-ci se mirent à briller, illuminant toute la forêt. Les éléments se réjouissaient : la terre se mit à trembler et les océans à bouillonner. Bouddha leur dit de faire construire un chedi (stupa) sur la colline de Singuttara, où les reliques de trois anciens bouddhas se trouvaient déjà. Les frères s'éloignèrent ensuite sans lui tourner le dos.

Se rendant compte qu'ils ne possédaient rien d'assez digne pour transporter les cheveux, le nat Thagarmin leur offrit un coffret orné d'émeraudes : les frères y entreposèrent les cheveux durant le voyage. À leur retour, ils le donnèrent au roi Okkalapla avec les indications de Bouddha. L'emplacement de la colline était inconnu, et le roi offrit de grosses récompenses à qui la retrouverait. Alors que personne n'y arrivait, des nats servant de Thagarmin défrichèrent une nuit la colline, qui apparut ainsi clairement aux yeux de tous. Okkalapla y fit alors construire un stupa. Lorsqu'il ouvrit le coffre contenant la relique, les cheveux du Bouddha se mirent à briller, les arbres fleurirent et une pluie de pierres précieuses tomba du ciel. Elles furent enchassées dans la pagode.

D'après les textes monastiques, le stûpa principal aurait donc été construit du vivant du Bouddha Gautama, au sixième siècle avant J.-C., mais cela est contesté par les archéologues qui en placent la construction entre le VIe et le Xe siècle de notre ère, par les Môns.

Le premier stupa, délabré, est reconstruit dans les années 1300 par le roi Môn Binnya U, qui l'élève jusqu'à 18 mètres. Au XVe siècle, la Reine Shin Sawbu (1453-1472) entreprend de grands travaux, pour améliorer sa forme et sa taille, donnant en outre son poids en or pour couvrir le stupa (la tradition aurait été respectée jusqu'à l'époque actuelle). Son successeur, le roi Dhammazedi, offre en 1485 une énorme cloche de 30 tonnes. Mais en 1608, l'aventurier portugais Philippe de Brito pille le site et dérobe la cloche. Brito avait l'intention de la fondre pour en faire des canons pour Syriam, mais lors du transport sur la rivière, la cloche coula près de Pegu et ne fut jamais récupérée.

Au cours des siècles, une série de tremblements de terre endommagea le site. Les plus importants dommages furent causés par celui de 1768 : le sommet du stupa s'effondra. Il fut réparé et agrandi par le roi Hsinbyushin (de la dynastie Konbaung) qui lui donna son aspect définitif. Une cloche de 24 tonnes fut offerte par son successeur Singu Min en 1778 ; elle fut elle aussi dérobée, par les britanniques durant la première guerre Anglo-birmane (1824-26), mais elle coula dans la rivière Hlaing. Elle n'a été renflouée qu'en 1926 et se trouve aujourd'hui dans l'angle Nord-Ouest. Le site fut ensuite occupé à plusieurs reprises par les officiers anglais durant les guerres anglo-birmanes.

Un nouveau hti (couronne) fut offert par le roi Mindon Min en 1871 après l'annexion de la Basse-Birmanie par les britanniques.

Le site subit aussi plusieurs avaries à l'époque moderne. En 1931, un grand incendie endommagea la pagode. En octobre 1970, un tremblement de terre d'intensité modérée dévia visiblement l'axe du hti. Un échafaudage temporaire fut alors érigé pour effectuer des réparations.

Durant les événements politiques de 2007 en Birmanie, le site, qui servait de point de ralliement aux bonzes, fut interdit d'accès par le régime pendant quelques jours.

Situé à 2km du centre ville de Yangon, la pagode repose sur une plate-forme pavée de marbre de 5.6 hectares, au sommet de la colline de Singuttara, à 51 m au-dessus de la ville. Elle domine l'horizon. On y accède par des escaliers et des ascenseurs situés aux quatre points cardinaux. Deux chinthes (lions mythiques) monumentaux gardent l'entrée sud ; ils ont été offerts par roi Tharrawaddy lors de sa visite en 1841. La pagode principale se trouve au milieu d'un vaste complexe de 72 autres pagodes, pagodons, salles de prières, tazaungs, pyatthats et autres édifices religieux à l'architecture typiquement birmane, ainsi que de très nombreuses statues de bouddhas et de nats.

Le stupa atteint 98 mètres. Sa base est faite de briques recouvertes de milliers de plaques d'or. Elle est entourée d'une forêt de 64 petits pagodons qui forment une petite enceinte avec quatre temples plus grands situés aux points cardinaux.

Sur la flèche se trouve une sorte d'ombrelle, appelée hti en birman où sont accrochées 1065 clochettes d'or et 420 clochettes d'argent, ainsi qu'une girouette ornée de pierres précieuses. Elle se termine par le seinbu, une petite sphère d'or incrustée de milliers de diamants et une émeraude de 76 carats.